L'édito du mois

Les lieux ont leur histoire

S’y intéresser, nous apprend que nous ne pouvons dissocier le contenant de contenu comme de la dimension humaine des usages et parfois des rites qui les accompagnent. Le fonctionnement de façon harmonieuse du binôme bâtiment / usage est essentiel pour la survie et la pérennité des lieux comme pour la sauvegarde de leur mémoire culturelle qui a besoin de la dimension physique et humaine pour exister. En termes technocratiques, cela revient à juger de la complémentarité du patrimoine matériel et immatériel. C’est dit … !
Tant que le couple est en phase, tout va bien. Mais il y a des ruptures lorsque l’une des dimensions, notamment celle des usages d’origine, disparaît… ! L’exemple nous est donné par le couvent des cordeliers. 
L’église, devenue à l’époque napoléonienne une réserve militaire de fourrage pour les chevaux (qui logeaient aux Jacobins…) sera victime d’un incendie puis démolie. Le clocher subsiste, en apparence isolé. Pour nous, il représente au contraire une sorte de vigie qui nous rappelle que des parties du couvent restent encore en place (dont la salle capitulaire qui abritait le restaurant universitaire que certains d’entre nous ont fréquenté). Elles mériteraient d’être restaurées, mises en valeur et ouvertes au public. Un vœu pieux ?
D’autres lieux n’ont pas subi les affres du changement de destination. C’est le cas du Caousou qui fête cette année ses 150 ans. La permanence des usages et des rites rappelée ici avec humour et talent par notre rédacteur est sans nul doute source de longévité ! C’est l’exception qui confirme la règle !
Nous retrouvons cette même pérennité à l’hôpital Marchant. Le lien entre le lieu et les usages est ici particulièrement fort puisque le projet de l’architecte Esquié s’est appliqué à traduire des préceptes de l’aliéniste toulousain Esquirol. La dimension humaine est au centre du projet et le justifie pleinement. Ironie du sort, le docteur Marchant perdra la vie dans l’exercice de son métier au sein de ce projet pourtant exemplaire. 
C’est la dimension humaine que nous retrouvons aussi dans le projet de la cité ouvrière du béarnais. Elle revêt ici un aspect collectif. Le rédacteur met à juste titre l’accent sur le caractère novateur de ce lotissement avant la lettre qui précède de beaucoup la construction des cités jardin. Je souscris au vœu de l’auteur de voir s’écrire un ouvrage sur ce projet original et le relaie auprès de vous, chers sociétaires.

Bonne lecture !

Aline Tomasin